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Père Martin

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Figure forte selon le diocèse du clergé colonial, « sa vie fut une croix », il mena un combat acharné pour défendre les déshérités. Un curé incompris et rejeté. Selon l’avis du diocèse, il est « d’un caractère remuant, difficile et d’un jugement peu sûr ».

Le Père Martin se qualifie lui, d’être un pasteur providentiel qui ne pratique pas la langue de bois. Par les paroissiens, il est décrit comme un homme de cœur et d’action, avec  une ferveur et dévouement perçus comme une folie par certains. Malgré ses turbulences et l’affaire du 24 août 1884 (où il est arrêté pour avoir forcé la porte de l’église), il ne sera pas suspendu par l’Eglise mais seulement exclu du diocèse de son époque. Il meurt la conscience en paix avec les sacrements de l’église mais dans une renommée ternie et dans une sorte de déshonneur public (les humiliations, son séjour en prison).

Après sa mort des phénomènes merveilleux se manifestent (lors de son exhumation). Des guérisons attribuées à son intercession sont constatées.

Voici l’histoire du Père Martin :

Né le 12 août 1840, d’origine modeste Issoudun, dans le quartier des Alouettes (Indre). Baptisé le 16 août, il fait ses études au petit séminaire de Saint Gaultier, puis entre au séminaire de Bourges grâce à une bourse d’études. Il est Ordonné sous-diacre, le 30 mai 1863 et ordonné prêtre le 10 juin 1865 par l’archevêque de Bourges, Monseigneur Charles Amable Lauragais. Issoudun est célèbre par sa basilique et par les pèlerinages de Notre Dame du Sacré Cœur, fondés par le Père Jules Chevalier, un modèle pour Père Martin.

Il est successivement vicaire et curé de 1865 à 1876. Le Père Martin arrive dans l’île le 16 décembre 1876 et fût successivement, à partir du 6 mars 1876 vicaire à saint Paul, administrateur à la possession et du 8 octobre 1877 à avril 1879, vicaire à la cathédrale à Saint-Denis. En avril 1879, il est nommé, en remplacement du père Hersent, dans la paroisse des Avirons dont la patronne est Marie Immaculée Conception.

Ce père actif crée, de 1879 à 1882,  trois sociétés pour aider les pauvres : Notre Dame de Bon secours, Saint-Vincent de Paul et Saint-François Xavier. Ces trois sociétés cesseront de fonctionner après son départ.

Il continue l’œuvre du père Hersent à travers la confrérie du Sacré Cœur de Jésus, celle de l’immaculée Conception et celle du Saint Scapulaire du Mont Carmel. Il forme deux séminaristes : Léon Miquel  (1863-1912) et un certain Lépinay qui ne serait pas devenu prêtre.

Il invite les paroissiens pieux à élever des croix sur le bord des chemins, des routes ou dans leurs jardins.

Il érige un chemin de croix entre l’église des Avirons et sa chapelle privée du Tévelave. Il cherche à rapprocher les paroissiens des lieux de culte et achète plusieurs terrains afin d’édifier une église et une chapelle de secours. Le Père Martin promet aux vendeurs ou aux donateurs deux chaises ou deux places dans les chapelles.

La plus connue des chapelles est celle dite « grotte du père Martin » au Tévelave. Cette chapelle portera le nom de notre Dame du Sacré Cœur en 1880. Le Père Martin a en effet, grandi au pied de Notre Dame du Sacré Cœur à Issoudun.

Dans la législation coloniale, un arrêté fixe les jours et heures des offices et des instructions religieuses pour la population ouvrière et agricole.

Le Père Martin a du mal à appliquer à la lettre ces ordres. Le respect de cette application pourrait expliquer les premiers ennuis du Père dans la paroisse. Il s’oppose aux grandes familles de la paroisse en traitant tous les paroissiens sur le même plan d’égalité.

Le fait de se mêler de politique, comme beaucoup de prêtre à cette époque, a dû également le desservir. Il a soutenu le parti qui voulait déjà la transformation en commune des quartiers des Avirons et de l’Etang-Salé. Ce parti échoue à toutes les élections.

Le soutien du Père Martin à ce groupe ne manque pas d’irriter une partie de la population. Les plaintes qui ont commencé à arriver à l’évêché dès 1882 ont joué un rôle important dans le discrédit du Père. Une quinzaine de personnes répliquent dans une lettre le 23 avril 1882 pour dénoncer ces « quelques individus méprisés, ne mettent jamais les pieds à l’église, se plaignent de la véhémence des sermons ».

A partir de là s’ensuivent des plaintes pour certains contre lui par ceux qui sont exclus des chapelles privées, de catéchisme, ou pour refus de baptême. Parmi eux un M.Thévenin écrit : « a semé la discorde non seulement dans la population des Avirons mais aussi au sein de quelques familles».

Mais également des courriers d’éloge, parmi eux, un groupe d’habitants écrit « le démon a toujours essayé de détruire les œuvres de Dieu….on attaque le prêtre sur ce point (les instructions) parce qu’il est impossible de trouver quoique à redire, tant sur sa conduite que sur son ministère, car il est irréprochable en tous égards. »

Le vicaire Général excédé par ces lettres, nouveau dans l’île et ne connaissant pas la situation dans l’île, prend le parti des propriétaires. L’attitude du Père Martin n’a pas non plus plaidé en sa faveur. Il a en effet laissé entendre qu’il ne quitterait pas la paroisse des Avirons de son plein gré, il refuse d’obéir à l’évêché qui l’interdit de prêcher et de faire le catéchisme.

Il refuse également l’invitation à une retraite de 10 jours à la Providence (Saint-Denis) (Courrier de l’évêché le 26 et 27 juin 1884). Le Père Martin ne se rend pas à la convocation de l’évêché devant le conseil de santé à l’hôpital militaire de santé et refuse de quitter la paroisse.

Il est remplacé par le Père Paillard le 22 août 1884. Se sentant soutenu par une partie de la population, il refuse de céder sa place au prêtre et dans la nuit du 24 août le père Martin est arrêté dans son église fermée la veille par la mairie de Saint-Louis. Le père est accusé d’avoir forcé et fracturé la porte avec un groupe d’habitants pour empêcher la messe du dimanche matin. Le père est donc incarcéré à la prison de Saint-Pierre, il y reste 2 mois jusqu’en octobre 1884, poursuivi uniquement pour bris de clôture.

Son procès a lieu le 4 décembre 1884 devant une foule nombreuse et sympathique. Tout le monde souhaite et demande l’acquittement de ce prêtre victime d’une trame jésuitique. Il lui est reproché d’être resté dans le même état de révolte et de mépris envers l’autorité diocésaine.

Un journal de l’époque « le petit saint paulois » écrit : « il nous a été assuré par les habitants des Avirons que c’est au moyen d’une souscription privée que M. L’abbé Martin s’est trouvé quitte des frais qui lui incombaient à la suite du procès dans lequel il a succombé… »

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